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Fragonard amoureux, galant et libertin : une exposition un peu trop sage

Lundi soir, ou le meilleur soir de semaine pour se faire une exposition ! J'ai été stupéfaite par le peu de monde rencontré au Musée du Luxembourg le 12 octobre dernier. J'ai eu l'habitude d'aller aux nocturnes dans diverses expositions le jeudi, où c'est en général infernal : difficile d'approcher les œuvres artistiques, foule dense, bruits... C'était par conséquent très agréable de pouvoir flâner paisiblement entre les peintures de Fragonard ! Il était d'autant plus plaisant de s'y promener grâce aux murs grisés et aux lumières tamisés ; j'avais une impression plus intime des lieux.

Fragonard, peintre français connu pour ses œuvres libertines et galantes, était au centre de cet évènement hivernal (comment se fait-il qu'il fasse déjà si froid ?!). Je m'attendais à quelque chose de plutôt espiègle dans la présentation. J'ai été déçue de ce point de vue là ! Toute la présentation reste très sage : peintures et esquisses accrochées, trois-quatre livres érotiques ouverts et puis c'est tout. Les explications autour de chaque œuvre restent assez sommaires (nous influence-t-on à prendre l'audioguide ?) et il ne faut pas s'attendre à quelques éclaircissements croustillants ! Il manquait un côté ludique à cette expo, une interaction avec le public, comme cela se fait de plus en plus dans les galeries des musées.

Les Hasards heureux de l'escarpolette de Fragonard
Autre petit bémol : le tableau Les Hasards heureux de l’escarpolette n'était pas présent. Œuvre plutôt emblématique de Fragonard quand on fait quelques recherches. A croire que le Musée Wallace Collection a fait son radin et n'a pas voulu faire le prêt ! ( En passant c'est quoi ce délire de cette inspiration de l'escarpolette avec Frozen ?!)

La Gimblette de Fragonard

Cela m'a tout de même appris quelques petites choses sur le XVIIIeme siècle. Plusieurs fois, avec Au. nous avons été interpellé par ces peintures où figurent des demoiselles lascives avec leur chien...Frago avait-il des tendances zoophiles ? Sur le moment nous en avons bien ri mais le lendemain de notre sortie, j'ai fait quelques recherches sur le sujet et grande surprise : "à l'époque, les petits chiens avaient la réputation de servir de sex-toys et selon le commissaire de l'exposition, de nombreux textes en attestent" (source : Blog de Thierry Hay). En fin de compte on rit un peu moins tellement c'est ahurissant !

Le Verrou de Fragonard
Le deuxième élément qui a retenu mon intérêt c'est l'autre perspective donnée autour du Verrou. Sans prêter attention aux détails, j'imaginais que cette peinture représentait un couple qui voulait se cacher d'un regard extérieur. En fin de compte, on nous donne comme explication celle du viol : la demoiselle n'a pas l'air de vouloir être tenue et enfermée de cette façon. N'ayant pas réellement d'information officielle de cette oeuvre, nous restons donc dans l'hypothèse. Était-ce une manière pour Fragonard de dénoncer cet acte infâme ?...

Sinon j'ai trouvé que c'était super de nous rediriger sur le site du Petit Palais, que je connaissais très mal, pour voir, numérisés, les contes érotiques de La Fontaine illustrés par Fragonard (attention, ce sont de gros *.pdf ça charge lentement, mais cela vaut le coup !)